Publié le 28 juil. 2020 à 18h35Mis à jour le 29 juil. 2020 à 17h28
Dire sa vérité. Régler ses comptes. Raconter les coulisses secrètes de l'Alliance Nissan-Renault-Mitsubishi… mais aussi le choc de l'arrestation du 19 novembre 2018. Avant l'évasion rocambolesque, en malle, du Japon , où il était en résidence surveillée, dans la nuit du 29 au 30 décembre 2019, tel un Arsène Lupin contemporain…
C'est le projet auquel s'est attelé Carlos Ghosn, le PDG déchu de Renault-Nissan, via la publication à venir, avec quatre mois d'intervalle, de deux livres, l'un sous forme de témoignage, l'autre de journal intime atypique.
A première vue, la démarche du PDG déchu s'apparente, au choix, à une opération de communication millimétrée… ou à la détermination d'un homme à rétablir son honneur. L'ex-PDG, dont le cabinet Image 7 assure la communication, s'est toujours déclaré innocent des accusations d'abus de biens sociaux et de détournements fiscaux dont il fait l'objet.
« Beaucoup de choses fausses »
Intitulé « Le temps de la vérité, Carlos Ghosn parle », le premier ouvrage paraîtra le 4 novembre chez Grasset (Hachette), maison d'édition familière des prix littéraires. Il sera cosigné avec Philippe Riès, ancien journaliste à l'AFP et déjà co-auteur avec Carlos Ghosn de son récit de vie « Citoyen du monde », également publié chez Grasset en 2003.
« Les choses se sont faites très simplement, sans enchère ni compétition », se souvient Olivier Nora, PDG de Grasset. «Philippe Riès m'a rendu visite après que Carlos Ghosn a été arrêté à Tokyo et que les premières accusations sont tombées en me disant : 'cette affaire n'est pas crédible, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de choses fausses qui circulent…' Je lui ai conseillé d'entrer en contact avec lui et de voir s'il serait prêt à s'exprimer. »
Les deux hommes parviennent à communiquer et attaquent ce livre « où, reprend Olivier Nora, il revient sur les chefs d'accusation dont il fait l'objet au Japon et qui ont été présentés de façon mensongère au reste du monde. Il évoque notamment les conditions de son arrestation et de sa détention, la campagne de diffamation auxquels se sont livrés certains cabinets anglo-saxons (dont l'américain Latham & Watkins auquel Nissan avait commandé une enquête interne, NDLR), ainsi que la volonté de l'Etat français d'augmenter sa participation dans le capital de Renault-Nissan, au risque de provoquer des réactions nationalistes au Japon. Au-delà du complot dont il démonte les rouages et des malversations alléguées dont il se défend, il explique ce que furent ses ambitions pour un groupe, dont il avait fait le premier constructeur automobile mondial et qui se trouve plongé dans une crise profonde, au moment où cette industrie fait face à une révolution technologique sans précédent.»
Carlos Ghosn a conservé les droits pour les langues anglaise, japonaise et arabe. Pour les autres langues, Grasset est aux manettes. L'à-valoir est « symbolique ».
Quatre mois plus tard, en mars 2021, sortira le second volet des souvenirs de l'ex-PDG aux Editions de L'Observatoire (Humensis), à l'issue d'une compétition ayant opposé sa directrice, Muriel Beyer, éditrice de Nicolas Sarkozy, à Hachette et Editis. Là encore, pas d'enchères mais du relationnel et un à-valoir « très raisonnable ». Même si d'autres acteurs du marché évoquent un chèque d'un montant «considérable».
Séries télévisées en perspective
Cette fois-ci, c'est le volet intime de l'homme, qui sera exposé à travers ce journal à quatre mains de 350 pages, édité à 20.000 exemplaires et déjà prévendu en langue arabe, au Japon et en Allemagne. Carlos Ghosn s'y exprime sur son arrestation, ses conditions de détention, les phases de colère et de désespoir dans lesquelles il oscille. Son épouse Carole raconte, de son côté, le combat mené à l'extérieur. Un documentaire et une série adaptée de ce livre - qui pourrait être déclinée sur Netflix ou Amazon Prime- sont à l'étude.
Enfin, une autre série est sur les rails. Adaptée du livre « Le Fugitif : les secrets de Carlos Ghosn » (Stock) de Yann Rousseau, correspondant des « Echos » à Tokyo et de Régis Arnaud, son alter ego au « Figaro », elle sera produite par Federation Entertainment, la société de Pascal Breton, à l'origine de « Versailles » et ayant participé à la production du « Bureau des légendes » sur Canal+. Déjà en écriture, elle devrait voir le jour en 2021, sous la forme d'une mini-série en six épisodes. Du contenu en perspective… Mais il n'est pas si courant que le PDG d'une entreprise cotée offre un tel matériau romanesque.
July 28, 2020 at 11:35PM
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Carlos Ghosn veut s'offrir une réhabilitation médiatique par le livre - Les Échos
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