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Abyssales. Avec plus de 7,3 milliards d’euros de pertes lors du seul premier semestre 2020, Renault paie un lourd tribut à la crise économique actuelle. Le contraste est saisissant avec PSA qui a enregistré une baisse de ses ventes supérieure (-45% vs -35 %), mais qui est resté profitable pour environ 600 millions d’euros. Il faut dire que les choix stratégiques historiques de Renault exposent plus la marque au losange à un arrêt de l’économie mondiale que son concurrent : quand PSA menait ces dernières années une politique de baisse de coûts et de surfaces, et d’économie d'échelles sur ses sites de production, Renault, sous Carlos Ghosn, mettait tout en œuvre pour vendre toujours plus de voitures.
Un point bas touché ?
L'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors était même devenue le premier vendeur mondial en 2017 ! Une stratégie hyper agressive basée sur les volumes plus que sur la rentabilité par voiture vendue, qui fait que l’Alliance souffre désormais de surcapacités de production. Un défaut exacerbé par l’arrêt net de l’économie mondiale durant le confinement et qui a pesé pour 1,8 milliard d’euros sur les pertes semestrielles du constructeur.
Mais depuis le départ de l'ancien patron Carlos Ghosn, déchu après avoir été interpellé au Japon pour des malversations présumées et qui s'est réfugié au Liban, le choix a été fait de se recentrer sur le haut de gamme et de stopper la course aux volumes. Cela n'a certes pas empêché le groupe de publier un résultat annuel négatif en 2019 pour la première fois depuis dix ans. Mais "nous touchons en ce moment le point bas d'une courbe négative qui a démarré il y a plusieurs années", a voulu rassurer ce jeudi 30 juillet Luca de Meo, directeur général de Renault, lors d'une conférence avec les analystes.
La déconfiture de Nissan
Impossible, au reste, de parler de Renault sans évoquer le cas Nissan. La vache à lait historique de l’Alliance est en totale déconfiture : elle représente 4,8 milliards sur les 7,3 milliards d’euros de pertes de Renault au premier semestre ! Lors du premier trimestre, la firme de Yokohama avait déjà annoncé avoir réduit ses volumes de ventes aux États-Unis de 10%, à 1,345 million de voitures, au Japon de 7,8% à 570.000, et en Europe de 20% à près de 400.000.
Outre-Atlantique, premier marché de Nissan où la marque est l’une des plus achetées, la chute des volumes était déjà bien engagée en 2019 (-8,7%). Le groupe revient en effet progressivement sur la stratégie de rabais accordée aux clients initiée par Carlos Ghosn, qui gonflait artificiellement les ventes. Ce qui affecte directement les volumes et la rentabilité. En parallèle, la réputation de Nissan en matière de qualité et de fiabilité semble également s’effriter au pays de l’oncle Sam. Se redresser ne sera donc pas une mince affaire…
Casse sociale
Pire, les annonces récentes de l'Alliance laissent entrevoir un hypothétique retour à de meilleurs résultats ne se feront qu'avec pertes et fracas. En 2019, Nissan avait déjà affiché sa volonté de supprimer 12.500 emplois et de réduire sa production de 10% d’ici à 2022-2023. Plus récemment, le groupe Japonais a confirmé la fermeture de ses usines de Barcelone dont dépendent environ 20.000 emplois directs et indirects. Pour ce qui concerne Renault, 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France, seront supprimés dans le cadre d’un plan d’économies de 2 milliards d'euros sur trois ans. Le site de Choisy sera également fermé à l'horizon 2022.
Enfin, les difficultés de Renault arrivent au plus mauvais moment puisqu’au-delà de la crise du Covid-19, le contexte automobile international est en plein chamboulement : l’électrification des voitures va coûter très cher en investissements. Et la Chine, qui a soutenu quasiment seule la croissance de l’industrie automobile ces dix dernières années, voit sa croissance économique ralentir. "Il y a donc une pression à la hausse sur les coûts et en parallèle des volumes qui baissent" résumait en mai dernier à Marianne Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l'Université de Bordeaux et spécialiste du secteur automobile. Et "s’il est évident que Renault va subir une nouvelle année de pertes en 2020 après 2019, sa profitabilité pour 2021 et pour les années suivantes est loin d’être assurée".
July 30, 2020 at 10:43PM
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7,3 milliards euros de pertes : c'est la débandade pour Renault-Nissan - Marianne
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